Lors de mes balades essonniennes, j’ai découvert ce lieu bien caché, presque secret, situé à quelques kilomètres au sud d’Etampes et ouvert au public depuis 2018. Un véritable havre de paix où la nature préservée et savamment entretenue offre un spectacle grandiose.
Classé au titre des monuments historiques en 1977, le Domaine de Méréville est la propriété du Conseil Départemental de l’Essonne depuis décembre 2000. Il constitue le dernier exemple de jardin pittoresque conçu à la fin du XVIIIe siècle. En 2019, il a obtenu le label national « Jardin remarquable ». Sa marraine n’est autre que Catherine Deneuve !
Le château Renaissance
Commençons notre promenade par le château qui a fière allure. Petite déception, il est impossible de le visiter tant son intérieur est délabré et son accès dangereux. Sa restauration, non encore envisagée, nécessiterait des travaux colossaux ainsi que des fonds très importants.
Constitué d’un corps principal rectangulaire en pierre de taille blanche, il s’élève sur trois niveaux. S’ajoutent à chaque angle des tours, témoignage de l’ancien manoir fortifié. Le bâtiment est couvert d’ardoise , des chéneaux en zinc ceinturent le toit, un faîtage domine les tours.
Au sommet de la façade occidentale, un fronton triangulaire est installé, entre le premier et deuxième étage court une corniche. Deux ailes furent ajoutées dans les prolongements Nord et Sud. Elles sont couvertes d’une mansarde. Le rez-de-chaussée accueille entre autres une antichambre, un salon et une salle à manger.
De multiples propriétaires
A l’origine, un manoir, construit au XVIe siècle et en partie en ruine, fut acheté en 1688 et reconstruit par Pierre Delpech, marquis de Méréville en 1709 et conseiller du roi. L’un de ses fils, Jean Delpech, fit aménager le château dans le style Renaissance. À l’ouest du parc, une allée d’honneur plantée menant à la cour principale fut aménagée et à l’arrière fut ajouté un jardin à la française jusqu’au cours de la Juine, qui faisait alors office de canal.
En 1784, le financier Jean-Joseph de Laborde acquit le Domaine pour en faire sa résidence de campagne puis pour y vivre de façon permanente. Il décida d’agrandir le château et de redessiner les jardins. Le château fut réaménagé et décoré par les plus grands artistes de l’époque : les architectes Jean-Benoît-Vincent Barré et François-Joseph Bélanger, l’ébéniste Jean-François Leleu, le sculpteur Augustin Pajou, le peintre Claude Joseph Vernet.
En 1794, tout bascula : le tribunal révolutionnaire condamna le marquis qui fut guillotiné. Sa veuve, Rosalie-Claire de Nettine y séjourna encore quelques temps et y maria son fils, Alexandre de Laborde en 1805, en présence d’artistes et d’hommes d’Etat, dont François-René de Chateaubriand. Elle vendit ensuite le domaine à monsieur d’Espagnac qui le vida de ses richesses.
En 1824, le comte de Saint-Roman, nouveau propriétaire, ajouta des fabriques dont « la ferme suisse ». Le domaine passa ensuite de main en main, perdant de sa magnificence, notamment lors du passage de monsieur Carpentier qui dilapida les oeuvres du parc et fit abattre de nombreux arbres.
A la fin du XXe siècle, il est la propriété du fonds de pension japonais Sport Chinko qui projetait d’y implanter un hôtel de luxe et un golf. Une association, présidée par François d’Ormesson, milita alors pour la sauvegarde du site.
Enfin, le 4 décembre 2000, le Conseil général de l’Essonne, aidé du ministère de la Culture, acheta la totalité du domaine pour cinq millions de francs et entreprit de le restaurer.
Un jardin extraordinaire
C’est principalement le parc, aux multiples contrastes, qui a retenu toute mon attention. Il en émane un calme et une grande sérénité. La balade fléchée de quelques kilomètres en pleine nature (compter deux bonnes heures de marche) mérite vraiment le détour.
Du jardin à la française de la fin du XVIIIe siècle, le marquis de Laborde n’a rien conservé. Il le fit rémanénager en jardin à l’anglaise par François-Joseph Bélanger puis Hubert Robert, maître en la matière. Les jardins réguliers et potagers en terrasse qui entouraient le château ont été entièrement remodelés pour créer des scènes de collines ondoyantes et de vertes vallées. Les allées rectilignes ont été effacées au profit de petits chemins sinueux et ornés de calades. Les côteaux abrupts du plateau, qui constituent un décor naturel en amphithéâtre tout autour du jardin, ont été dotés de grottes et d’enrochements.
La Juine, rivière tranquille qui coulait en droite ligne au fond du jardin, a été détournée pour créer îles, méandres et lacs. Des cascades sont venues ponctuer les cours d’eau pour ajouter des effets sonores aux splendeurs du jardin.
Aux antipodes de la nature domptée et domestiquée des jardins à la française, le parc se veut sauvage et sublime.
INFORMATIONS PRATIQUES
Domaine ouvert gratuitement au public, du 30 mai au 1er novembre 2020, les samedis, dimanches et jours fériés.
De 9 h à 18 h (mai, septembre, octobre et 1er novembre)
De 9 h à 20 h (juin, juillet et août)
Accès : Rue Voltaire, 91660 Le Mérévillois.
Visites guidées payantes possibles
Inscriptions et renseignements auprès de l’Office de tourisme du Mérévillois :
01 69 78 36 87
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