La résilience ou l’art de surmonter les épreuves

Coucher de soleil

Qu’est-ce que la résilience ? C’est la delicate question que s’est posée Barbara, notre fidèle contributrice. Autrement dit, comment ceux et celles qui ont subi de profonds traumatismes sont parvenus à se reconstruire ? Elle nous explique…  

Le concept de “résilience” désigne la capacité d’une personne à reprendre le cours de sa vie et à se reconstruire après avoir vécu un évènement traumatique fort. Il a été introduit en France dans les années 1990 par le psychiatre Boris Cyrulnik*, grâce auquel ce terme est désormais entré dans le langage courant.

Boris Cyrulnik s’est inspiré de sa propre expérience pour illustrer ses travaux sur la résilience. En effet, il est âgé de deux ans lorsque ses parents sont arrêtés et déportés à Auschwitz, de six ans lorsqu’il est lui-même victime d’une rafle d’enfants juifs. Il parvient néanmoins à se sauver et échappe ainsi à une mort programmée. Il sera ensuite recueilli et élevé à Paris par sa tante maternelle.

Les principaux facteurs

Accompagnement - Résilience

Le psychiatre identifie deux principaux facteurs de résilience chez un individu confronté à une expérience traumatique : la force vitale et le “tuteur de résilience”.

Le tuteur de résilience peut être un parent ou un proche (« l’adulte référent ») qui apportera la sécurité affective mise à mal durant le choc et qui permettra à l’individu de s’accrocher pour se reconstruire. Le rôle du tuteur est fondamental car c’est par lui que la personne blessée retrouvera « l’assurance intérieure d’être digne d’être aimé, donc de vivre”.

La notion de résilience connaît néanmoins certaines limites car elle peut, dans un contexte de surmédiatisation, engendrer un sentiment de culpabilité chez les personnes qui n’arriveraient précisément pas à surmonter leurs épreuves dans le cadre d’un parcours résilient. La résilience serait alors perçue comme une capacité personnelle, une sorte de richesse intérieure inégalement répartie entre les individus.

Par ailleurs, cette notion de psychologie profonde ne doit pas être étendue, comme le souligne le psychiatre Serge Tisseron**, à toutes formes de « comportements adaptatifs » à une situation donnée, fusse-t-elle douloureuse.

Des origines précoces

Les origines de la résilience

Connaître la notion de résilience et ses définitions cliniques suffit-il à pouvoir la mobiliser lorsque l’on vit soi-même une expérience traumatique ?

En réalité, la plupart des personnes données en exemples pour avoir entrepris avec succès un parcours résilient ignorent tout de cette notion, et c’est davantage l’instinct de survie ou une certaine forme d’élan vital qui sont alors avancés comme facteurs de rebondissement face aux épreuves de la vie.

La résilience ne s’apparente donc pas à une méthode de développement personnel permettant de se sortir des mauvaises passes.

Les ressorts de sa mobilisation plus ou moins fructueuse sont à chercher dès l’enfance, et plus particulièrement lors des premiers temps de la vie, voire dans la relation intra-utérine que le bébé entretient avec sa maman. Car c’est à cette période que se construit, d’après Boris Cyrulnik, le socle affectif sur lequel l’individu pourra s’appuyer pour grandir et se développer. Par la suite, si la figure maternelle vient à manquer, c’est le fameux « tuteur de résilience » qui pourra prendre le relais.

Face à un traumatisme (deuil, abandon, maladie..), la ressource profonde du comportement résilient serait donc à rechercher en premier lieu dans la prime enfance. Dans ce contexte, l’expérience psychanalytique paraît intéressante, en faisant ressurgir, par la parole et l’analyse des rêves, les évènements inconscients fondateurs de la sécurité ou de l’insécurité affective originelle.

En second lieu, c’est en cherchant autour de soi un tuteur, ou un adulte référent, que l’effet d’encouragement et de renvoi d’une image positive de soi-même, que le mécanisme de résilience pourra réellement se mettre en œuvre.

Des parcours résilients autour de nous

Papa et son enfant

Prenons le temps d’observer notre entourage, nous trouverons certainement des exemples de parcours résilients. Car plus on avance en âge, plus les épreuves de la vie s’accumulent, de manière plus ou moins violentes et inéluctables, certes, mais sans que personne ne soit réellement épargné.

Mon activité de décoratrice d’intérieurs m’amène très souvent à pénétrer l’intimité de mes clients et de mes partenaires, à connaitre leur vie, leurs souffrances et leurs joies.

A l’instar de cet ami plaquiste, qui a élevé courageusement ses deux enfants, petits lorsque sa femme l’a quitté, tout en veillant sur sa maman âgée et handicapée ; ou encore ces parents qui ont perdu un enfant, mais qui continuent de vivre, de sourire même, sans oublier ; ce couple qui multiplie les projets, malgré la douleur et les difficultés induites par la maladie de leur fils, une maladie rare, incurable…

Tous ces parcours sont-ils résilients ? Pour certains d’entre eux, certainement.  Mais le véritable apport de la notion ne serait-il pas davantage de pouvoir nommer ce qui force l’admiration envers ces personnes ? La résilience, en entrant dans le langage courant, désignerait ainsi un objectif à atteindre, un idéal-type comportemental que les parcours cités en exemples révèlent et transforment en modèles à suivre.

Dans cette perspective, plus que de résilience, parlons plutôt de « vies inspirantes ». Une sorte de guide et de mentor lorsque l’on est soi-même confronté à l’épreuve de la douleur. Une autre manière de décrire la relation tutrice essentielle des hommes entre eux, et la nécessité individuelle et sociétale de s’ouvrir aux autres.

*Boris Cyrulnik et Claude Seron (dir.), La résilience ou comment renaître de sa souffrance, Fabert, coll. Penser le monde de l’enfant, 2004

**Serge Tisseron, « Résilience » ou la lutte pour la vie »  Le Monde diplomatique, 1er août 2003.

Barbara Chabbal

Intérieur Vôtre, agence de décoration intérieure et de home staging

http://www.interieurvotre.net

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