Tout le monde a entendu parler de Guédelon. Mais combien d’entre vous sont allés découvrir ce lieu emblématique et ses multiples secrets plus écologiques les uns que les autres ? Direction l’Yonne en compagnie de Susanne.
Comment passer des murs à la chaux ? Décorer ces mêmes murs sans pots de peinture mais avec des pigments naturels ? Avec quelle farine fabriquer son pain soi-même ? L’aventure du château de Guédelon, lancée en 1977 par des passionnés d’histoire et d’archéologie, s’est révélée une source précieuse pour documenter des techniques de construction plus écologiques.
« Ils bâtissent un château-fort »
Au milieu de la Puisaye, dans l’Yonne, sur une ligne qui irait d’Orléans à Auxerre, le propriétaire du proche château de Saint-Fargeau a eu l’idée de construire un château fortifié à l’image de ceux qui ont pu être édifiés à la fin du 13e siècle, au temps du roi Philippe-Auguste.
C’est au milieu d’une forêt dense, loin de toute ville, que le projet prend forme. Petit à petit, les niveaux montent, les tours s’arrondissent, le logis seigneurial est mis hors d’eau et hors d’air. Les équipes se professionnalisent – 150 CDI annualisés y exercent de nombreux métiers, dans une région sinistrée. Des tailleurs de pierre aux charretières en passant par les professionnels de l’accueil touristique ou de la restauration, tous s’affairent tous les ans à la belle saison, sept jours sur sept, et doivent maîtriser leur métier aussi bien que leur patience avec un public nombreux et curieux.
L’archéologie expérimentale / reconstructrice en pleine action
Au début, les équipes sont friandes des conseils des historiens et des archéologues pour reproduire les techniques et les formes représentées dans les archives. Puis, petit à petit, le mouvement s’inverse. De plus en plus de chercheurs viennent à Guédelon pour comprendre, démonstration à l’appui, comment passer de l’idée à la réalité. La fenêtre du logis seigneurial est un bon exemple de cette collaboration. Au Moyen-âge, pas de vitraux, même pour le seigneur, car cette technique coûteuse est réservée au religieux. Pas de verre plat non plus à cette époque. En revanche, des peaux de bêtes grattées et décorées, ce qui est déjà un luxe. Et des fenêtres subdivisées pour permettre leur ouverture facile.
Des techniques anciennes pleines d’avenir
Si tout le monde écoute avec fascination les carriers et les tailleurs de pierre, l’un des ateliers les plus visités est celui du boulanger. Il poursuit, année après année, des expérimentations pour retrouver les céréales utilisées à l’époque et a accumulé un immense savoir sur la panification d’avant l’industrialisation. De nombreux passionnés, qui cuisent leur pain en famille, viennent ici chercher des conseils.
Il en va de même pour le potager. Il permet d’expérimenter les techniques de permaculture, c’est-à-dire sans engrais chimiques ni arrosage. A le voir, cela fonctionne ! Certes, il est trop petit pour nourrir les milliers de visiteurs au restaurant. Mais ce point restaurant, excellent au passage, ne sert que des produits biologiques et locaux – en Puisaye, c’est possible.
Une vie sans portable
Quand vous approchez de Guédelon, vous plongez directement dans un autre siècle, car tout à coup, plus aucun signal ! Il faut donc vivre à l’ancienne, sans portable, et se donner rendez-vous à un endroit et une heure donnée si l’on se sépare.
Et bien sûr, Guédelon est l’endroit idéal pour se familiariser avec l’usage des toilettes sèches, et cela, dès l’arrivée au parking.
Informations pratiques :
Pour tout savoir : https://www.guedelon.fr/
Ouvert d’avril à fin octobre, avec des jours d’ouverture variables en fonction de la belle saison. Il faut prévoir de bonnes chaussures, des pullovers, des imperméables et de quoi résister au soleil.
Accès : attention, il faut compter au moins trois heures en voiture à partir de la région parisienne, et la voiture est de fait indispensable. Il vaut donc mieux prévoir un voyage sur deux jours si on n’est ni Orléanais ni Bourguignon. Il y a peu de gîtes dans la région, et ils sont vite réservés à la belle saison, surtout les week-ends.
Toutes les photos sont de Susanne, à l’exception de celle de la « naissance » de Guédelon.