Attirée par les horizons lointains et peu fréquentés, Sylvie sillonne le monde toujours en quête de nouvelles découvertes. Elle nous fait partager sa toute dernière, l’Arménie. Récit de son fabuleux voyage.
L’Arménie, ce petit pays du Caucase mal connu, coincé entre le géant turc, la Géorgie et l’Azerbaïdjan ainsi que l’Iran (sur une petite partie) me fait rêver depuis un bon moment. Cette fois, c’est parti pour 2 semaines de road trip !
Nous sommes en juin. Atterrissage dans la capitale arménienne : Erevan (prononcé Yerevan). Comme toujours, dès mon arrivée j’apprends à dire bonjour (barev) et merci (ça se complique : chenorakaloutyoun).
Erevan, l’une des villes les plus anciennes du monde
Appelée « la ville rose », Erevan est l’une des villes les plus anciennes du monde. Sous le joug de l’URSS (jusqu’en 1991), elle a gardé les stigmates de l’ère soviétique, même si un peu partout la ville se modernise.
Le Mont Ararat en toile de fond, bien que sur le sol turc, donne une impression de majesté à la ville.
On peut l’admirer depuis le monument emblématique de l’architecte Alexandre Tamanian appelé « la cascade », lieu de balade, de rencontres au 572 marches… Pour les moins courageux, il y a tout de même un escalator sur une partie de la montée comportant quelques sculptures contemporaines !
La ville chargée d’histoire propose de nombreuses attractions culturelles : Le Matenadaran vous embarquera au tréfonds de l’histoire avec ses nombreux manuscrits tous plus beaux les uns que les autres. Le musée Erebouni vous plongera dans l’archéologie. Dans celui d’histoire naturelle, vous serez peut-être, comme moi, surveillés de près. La cathédrale Saint-Grégoire de l’Eglise apostolique aux allures austères se dresse en périphérie dans un quartier un peu bidonvillesque.
C’est à Erevan en mai 2018, après l’élection du 1er ministre, que les Arméniens ont mené une petite révolution sans aucune violence (ce dont ils sont extrêmement fiers). Le premier ministre (ancien président) a dû démissionner à la suite de ce mouvement populaire.
Les montages du Caucase et les monastères vertigineux
Mais il est temps de partir à la découverte des montagnes du Caucase et des nombreux monastères aux situations plus folles les unes que les autres : Khor Virap sur fond de Mont Ararat enneigé, Gndevank très isolé, Tatev où il faut prendre un téléphérique au-dessus d’un canyon vertigineux, Akhtala et ses sublimes fresques, sans oublier la forteresse d’Amberd et le caravanserail de Selim… Tous les sites demandent très souvent un peu de marche et le plus souvent en altitude.
Les routes ne sont pas toujours très bonnes. Quant à la signalisation, elle est presque inexistante. Heureusement j’ai un GPS dans la voiture de location. A cette saison, les champs à perte de vue sont couverts de fleurs sauvages. Attention toutefois aux orages intempestifs parfois très violents.
Quand il faut se mettre en quête de mon hébergement chez l’habitant, le GPS balbutie souvent, se perd… et moi aussi. Personne ne parle anglais ici. Heureusement, quelques rudiments de russe et des mimiques me permettent d’échanger avec la population.
Aujourd’hui j’ai de la chance, je ne suis pas loin de mon point de chute. Mon hôte m’attend pour déjeuner sous une tonnelle, un paysage de montagne à couper le souffle sous nos yeux. Au menu, des dolmas (feuilles de vigne, aubergine, poivrons farcis), choux, oignons, du poisson pêché dans la rivière, des petites brochettes de viandes et des fruits à gogo (cerises, abricots, pêches). Et pour finir une tisane au thym accompagnée de noix confites.
Des paysages à couper le souffle
Dans cette région du sud-est de la capitale, beaucoup de gorges basaltiques. Les orgues de roches noires sont impressionnantes. Direction le monastère de Gueghard au bout du bout d’une piste tout terrain longeant une rivière tumultueuse.
Ici, comme dans tout le pays, on peut voir les fameux Khatchkar : croix ornementales sculptées dans la pierre (classées au patrimoine mondial de l’UNESCO). A Noraduz, c’est dans un cimetière tout entier que sont érigées quantités de croix.
Direction le lac Sevan, second plus grand lac d’altitude (1 900 m) après le Titicaca. De nombreux sites bordent ce très grand lac. Les monastères de Hayravanq et de Sevanavank nous offrent un paysage saisissant. Malheureusement de nombreuses infrastructures modernes ont été abandonnées, laissant derrière elles le constat d’une économie moribonde qui gâchent le paysage.
A Karahundj, c’est un site mégalithique que je découvre. Des centaines de pierres de basalte constituent un ensemble étonnant. Il constituerait un ancien observatoire où les mouvements des astres étaient étudiés. On pourrait comparer ce lieu à Stonehenge au Royaume-Uni ou à Carnac en France.
Au fil des jours, j’égraine les églises, les monastères, les nuits chez l’habitants ou dans des hôtels typiques du pays. Je parcoure des kilomètres dans une nature florissante chaque fois plus spectaculaire.
Un accueil toujours chaleureux
Mais ce qui retiendra le plus mon attention, c’est la gentillesse des Arméniens. Ici, on m’offre un café, là un gâteau maison, plus loin on m’accompagne sur plusieurs kilomètres pour que je ne me perde pas. Lors d’une crevaison, un homme trouvera un garagiste dans un boui boui que l’on n’aurait pas pu reconnaître. Attention toutefois aux chiens de nomades qui ont tendance à mordre.
L’échange, bien que difficile à cause de la langue, est toujours bienveillant.
Il y a mille et une raisons de visiter l’Arménie…