Barbara nous invite à réfléchir à un sujet que beaucoup d’entre nous ont connu ou connaîtront : le départ de la maison de nos enfants. Quelles en sont les conséquences et surtout, comment rebondir pour trouver une nouvelle liberté ?
C’est le thème du dernier film de Lisa Azuelos, « Mon bébé », sorti en salle le 13 mars dernier, avec Sandrine Kiberlain dans le rôle d’une maman totalement perdue lorsque sa petite dernière lui annonce qu’elle part faire ses études au Canada.
Le syndrome du nid vide
Ce syndrome du « nid vide », qui concerne près d’un tiers des parents, toucherait davantage les mères, lesquelles, après plusieurs décennies d’investissement maternel et familial se retrouveraient, une fois les enfants partis, confrontées à un certain sentiment d’abandon, voire à une impression d’inutilité. « C’est un peu comme si on se retrouvait brutalement au chômage. Le syndrome du nid vide, c’est un chômage de maman ! », selon Lisa Azuelos.
Un malaise diffus, difficile de partager avec les autres
L’essayiste Brigitte Bloch-Tabet[1] évoque quant à elle une sorte de « baby blues à retardement », qui pourrait, dans certains cas, générer des troubles physiques (maux de ventre, insomnies, dépression, …). Diagnostic d’autant plus difficile à établir lorsqu’il coïncide avec ceux de la ménopause. La fin des règles rend en effet plus délicate le rapport à la maternité et à la féminité. Alors, lorsque celle-ci intervient précisément au moment où les enfants quittent la maison, c’est l’identité de femme et de mère qui est tout d’un coup profondément questionnée.
Les conséquences pour le couple
Plus largement, c’est toute l’armature familiale, dont l’enfant constitue le pilier dans nos sociétés occidentales, qui se trouve bouleversée. Les parents se revoient comme avant la naissance des enfants, et cette situation n’est pas sans conséquences sur leur couple.
En dix ans, le nombre de divorces de sexagénaires et plus a augmenté de 75 %[2]. « Les enfants sont un ciment qui permet au couple de tenir la route », explique Béatrice Copper-Royer[3]. « Après leur départ, certains se rendent compte qu’ils n’ont plus de raisons de continuer ensemble. Ce sont le plus souvent les femmes qui partent. A 55 ou 60 ans, elles ont l’impression que leur vie n’est pas du tout terminée et veulent parfois redémarrer autre chose. »
La perspective d’une nouvelle liberté
Le départ des enfants invite plus que jamais au lâcher prise, à ne plus vouloir tout contrôler. Il est même fortement conseillé aux parents d’anticiper en laissant davantage d’autonomie à leurs enfants avant leur départ de la maison[4] ! Une fois l’absence consacrée, la rupture se fera plus douce car les parents auront appris à (re)vivre pour eux-mêmes.
Vouloir poursuivre la relation par une intrusion permanente dans la vie de ses enfants, notamment via les moyens numériques, n’est sans doute pas la meilleure façon de leur permettre de s’épanouir. L’enfant, petit comme grand, a avant tout besoin de sécurité affective, savoir que ses parents sont là pour lui en cas de besoin. Mais il a aussi besoin de se confronter au monde et vivre ses propres expériences pour pouvoir devenir un adulte responsable et possiblement, un jour, un parent à son tour.
Article rédigé par Barbara Chabbal, décoratrice d’intérieur
[1] Cf. « Lorsque l’enfant s’en va » de Brigitte Bloch-Tabet (Chiron, 2002)
[2] Cf. Chiffres du Ministère de la Justice, 2016
[3] Cf. « Le Jour où les enfants s’en vont » de Béatrice Copper-Royer (Albin Michel, 2012)
[4]Cf. Psychologies Magazine – article de Fabienne Broucaret – Mars 2018