Rando en solo dans le Beaufortain

Récit d’une rando de six jours en Savoie, l’été dernier. Jean a découvert, en solo, des paysages à couper le souffle et fait des rencontres passionnantes.

Vous connaissez sûrement le fromage de Beaufort. Mais connaissez-vous le Beaufortain, cette magnifique vallée dans laquelle se niche le village de Beaufort ?

Vaches dans les Hautes-Alpes

Entre Val d’Arly et Vanoise, le Beaufortain est un territoire préservé. Au pied du Mont-Blanc, le Doron coule dans la vallée, de nombreux chalets sont disséminés sur les pentes, en dessous des alpages. « Ici plus qu’ailleurs se fondent le regard et le coeur ». Boris Vian et Roger Frison-Roche ne s’y étaient pas trompés !

Vue imprenable sur le Mont-Blanc

Après une bonne journée de route et passé Albertville, j’arrive à Queige qui garde l’entrée de la vallée. Rien pour se loger. Le mieux est de monter au Gîte de Molliessoulaz où l’on peut y laisser sa voiture. Je suis accueilli par Sébastien et son sourire encadré d’une barbe rousse. Présentation, tutoiement immédiat, autour d’une bière, devant l’immense, le monumental, le majestueux Mont-Blanc qui se découpe au fond de la vallée. Moments intenses…

Pour la première étape, je redescends sur Queige, et les descentes raides dès le matin, ça ne fait pas du bien aux articulations qui ne sont pas encore chaudes ! De Queige au refuge de Lachat, je traverse des bois, des bois et des bois. Le chemin est bien balisé, comportant de nombreuses pancartes, mais les temps indiqués sont parfaitement fantaisistes.

Au détour d’une chapelle isolée dans les bois, je rencontre un jeune couple qui suit le même itinéraire. Nous dormons dans les mêmes refuges. C’est toujours bon pour la sécurité, quand on marche seul.

Un grand moment de rencontres

La randonnée itinérante en solo est un grand moment de rencontres, éphémères et donc sans arrière-pensée, sans statut social, sans différence d’âge.

De Lachat au refuge de la Roselette, belle étape, j’approche les 2 000 m, dans les alpages. Le col de Joly est un superbe balcon sur le Mont-Blanc. Malheureusement, le beau temps n’est pas au rendez-vous. La montée du col s’est faite dans le brouillard, sous la pluie, avec une visibilité de quelques mètres. Pour ce type de randonnée d’altitude, mieux vaut être bien équipé pour affronter la pluie et le froid. À la Roselette, je ne vois toujours pas le Mont-Blanc, mais le dortoir est chauffé !

De la Roselette au Refuge de la Croix du Bonhomme, ça monte bien. Le col du même nom est à 2 329 m, le refuge à 2 433 m. Dans la journée, au chalet de la Balme, le chemin a récupéré le GR 5 (Traversée des Alpes), le GRP des Pays du Mont-Blanc, et surtout le TMB (Tour du Mont-Blanc). Positionné sur 4 itinéraires, le refuge est toujours bondé. L’accueil est très sympathique. Mais c’est un peu l’usine : des dortoirs de 20 à 30 places, beaucoup de bruit, dans toutes les langues. On ne vient pas en montagne pour se retrouver dans la foule. Autant éviter, j’aurais dû réserver un peu plus loin, aux Chapieux.

Une météo capricieuse

Pour cette quatrième journée, le temps est très mauvais. Et quand on est seul, le col du Grand Fond peut être dangereux. Par prudence, je redescends par la route sur le Lac de Roselend pour rejoindre le GR 5. La montée au refuge du Presset est terrible. 600 m de dénivelé dans la moraine et les rochers. Mais la récompense arrive au Col du Bresson. Le refuge, tout neuf, est perché au loin, et de nombreux bouquetins se promènent tout autour.

Le Presset est un merveilleux refuge, très isolé (ravitaillement par hélicoptère) et seuls les randonneurs aguerris se retrouvent ici. Le poêle est allumé, et les 16 personnes présentes se pressent autour.

La cinquième étape débute sous la neige, bien que nous ne soyons qu’à fin août, qui se transforme rapidement en pluie et brouillard. Je ne suis toujours pas gâté par le temps. Tout cela donne un sentiment d’isolement intense… Au Col du Coin, à 2 398 m, on ne voit même pas vers quoi on descend. Dommage, car c’est par ici que se fabrique le Beaufort, le vrai.

Le refuge de l’Alpage est tout neuf, on est quasiment à l’hôtel. D’ailleurs, une piste permet de monter en 4×4 pour manger sur la terrasse, quand il fait beau. Ou alors, on peut monter du Lac de Saint-Guérin en moins de deux heures. Le propriétaire a beau m’assurer que le paysage est magnifique, je ne vois rien du tout.

Une rando de bon niveau

 

Rando le matin

Mais à 8h00 du matin, le soleil est là ! Vue fantastique sur le Mont-Blanc. Pour cette dernière étape d’altitude, après deux cols à plus de 2 000 m dans les alpages, je débouche sur la Crête de la Roche Pourrie, pour rejoindre Molliessoulaz, Sébastien, son accueil et une bière partagée avec les 5 randonneurs présents, dont les deux jeunes du début.

Je suis sorti de cette randonnée de 6 jours un peu sonné par la beauté des paysages. Évidemment, le beau temps n’a pas été toujours au rendez-vous, mais quand même !

Ce tour est une randonnée de bon niveau, sans difficulté technique, mais réservée à des marcheurs expérimentés (dénivelés de 1 000 m et temps de 7 à 9 heures). À faire à partir de fin août, car il y a moins de monde, mais au plus tard début septembre car la plupart des refuges ferment vers le 15.

 

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